Description des médaillons, extrait du livre: CAEN - Son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs. Par G. S. TREBUTIEN. Les Editions de la Tour Gile - Peronnas (Ain)
Quinze médaillons sont incrustés sur la grosse Tour : dans le haut et formant créneaux, trois médaillons, deux hommes, un de femme. Du côté opposé de la porte d’entrée un médaillon très bien conservé, représente un homme barbu ; près de la fenêtre, écusson non blasonner au pied duquel on voit la salamandre de François Ier; tête de femme au tiers. De l’autre côté de la fenêtre, reste de l’écusson des Nollent soutenu par deux griffons ; homme de face, sans barbe, dont la coiffure forme auréole ; femme embrassée à la fois par deux hommes ; aux quatre angles de ce médaillon, on lit : C’est ma Noriche et Amie
Beaucoup d’archéologues ont lu Doriche et ont vu là le nom d’une courtisane. De là des dissertations plus ou moins aventurées, mais en examinant avec soin, la première lettre est bien un N employés dans les inscriptions de l’époque. Aux angles de ce médaillon, le caprice de l’artiste a placé quatre limaçons .
Les autres médaillons de la tour représentent : tête d’homme à grosse moustache et coiffé d’un chaperon à boucles très élevé ; grosse tête d’homme, joufflu, tête de femme vu deux trois quarts, tête d’homme coiffé d’un casque ressemblant au bonnet ailé de mercure , deux autres têtes d’homme dont l’une coiffée d’un casque.
Dans la muraille ou courtine reliant les deux tours et qui forme vers le milieu un angle très obtus, chaque créneau renferme un médaillon, et il y en a quatorze. Ces médaillons ont exercer l’imagination des archéologues : les uns comme Monsieur De Jolimont , y voit des figures d’empereur et de divers personnages historiques, d’autres y voient, avec M.R.Bordeaux, une allégorie amoureuse, les médaillons étant disposés de manière qu’une figure d’homme fait face a une figure de femme, ou bien qu’une tête d’homme est entre deux figures de femmes.
Une seule figure de femme n’a point d’homme en regard , c’est la première près de la grosse Tour, elle respire une fleur, elle porte pour légende : PUDICICIA VINCIT AMOREN (La chasteté est plus forte que l’amour). A la suite, têtes d’hommes et de femmes formant pendants.
À l’angle très obtus que forment le mur, l’artiste a profité du créneau plus grand, que les autres pour placer une figure à trois têtes sous une même coiffure. De chaque côté, on lit la légende IANVS. Les deux figures de côté font face à deux têtes de femme dans les médaillons voisins, viennent ensuite deux têtes d’hommes, ayant pour pendants deux têtes de femmes.
Les 13e et 14 médaillons qui se font pendant, porte les légendes : AMOR VINCIT MORTEM ( L’amour est plus fort que la mort) autour de la tête de femme ; MORS VINCIT PUDICICIAM (La mort est plus forte que la chasteté) autour de la tête d’homme. Comme celle de l’hôtel de Bourgtheroulde à Rouen, ces inscriptions sont empruntées aux Triomphe de Pétrarque.
La petite tour est percé d’une fenêtre taillée en accolade avec un mono transversale et une grille de fer. Elle avait quatre médaillons, il n’en reste plus que trois : un homme, un homme et une femme formant pendants.
La maison d’habitation a été rebâtie sous Louis XIII, mais elle a conservé deux médaillons dans le goût de ceux du reste de l’édifice : l’un représente une femme de face a l’air grave, l’autre une femme entre deux hommes, peut-être une femme donnant le sein à deux nourrissons.
Au premier étage existe une porte en bois fort délicatement sculptée de deux mètres de haut sur un mètre de large. Divisée par deux montants en trois compartiments, elle nous offre à sa partie supérieure, une riche décoration formée de ceps de vigne chargés de fruits et de feuillages. Cette porte que ne mentionne aucun guide, a été signalée par Monsieur de Beaurepaire comme un des meilleurs types de porte intérieur du XVIe siècle .
Lithographie gravure Deneze Vauthier infolio (Collection personelle)
Extrait du CATALOGUE GÉNÉRAL ILLUSTRÉ DU MUSÉE DE SCULPTURE COMPARÉE AU PALAIS DU TROCADÉRO (MOULAGES) en 1910 PAR CAMILLE ENLART Directeur du Musée de Sculpture comparée et JULES ROUSSEL Conservateur adjoint du Musée de Sculpture comparée - Nouvelle édition entièrement refondue (Phototypies de Y. M. NEURDKIN, frères) PARIS LIBRAIRIE ALPHONSE PICARD & FILS disponible à la BNF ou en ligne ici. (Voir page 166 - F48 à F57)
Des moulages de certains médaillons ont été réalisés pour le compte du musée de la sculture comparé. (Cité de l'Architecture et du Patrimoine - Paris)
Carte postale (Collection Personnelle)
Page 166 - 167 du catalogue MANOIR DES GENS D'ARMES, A CAEN.
F 48-56. — Médaillons décorant les parois d'une tour.
De profil à gauche, une femme respirant le parfum d'une fleur ; sur la bordure l'inscription : Pudicicia vincit amorem.
De profil à gauche, un homme casqué et barbu, Mors vincit pudiciciam.
De profil à droite, dans une guirlande de chêne, un homme casqué et barbu.
De profil à gauche, une femme dans une guirlande de lauriers.
Dans une guirlande de pampres, un Janus tricéphale. Jcimis.
De profil à droite, un homme casqué el barbu, dans une cordelière.
De profil à gauche une femme dans une guirlande de chêne.
De profil à droite, un personnage imberbe, à longs cheveux, casqué : Amor vincit modem.
Dans une guirlande une tête barbue et laurée, en fort relief, de trois quart à gauche.
Les légendes qui accompagnent ces médaillons sont inspirées par le poème de Pétrarque, les Triomphes, où le Poète dit la puissance de l'Amour, de la Chasteté, de la Mort, de la Gloire, du Temps, de l'Eternité.
La construction du Manoir des Gens d'armes, appelé autrefois Château de Calix, Hôtel de Nollent, peut être attribuée à l'architecte Abel le Prestre, l'auteur de la maison de Pierre de Cahaignes, dont la décoration est analogue.
Premier quart du XVIe siècle.
Hr de 0 m. 75 à 0 m. 80.
Médaillons suivant dessin de Théodore de Jolimont 1820 (Source BNF)